Camille, Dimitri, Manon et Blandine (PNL) :  » nous ne sommes pas les plus radicaux, on utilise seulement les méthodes qu’on juge être les plus efficaces. »

1- Pourquoi avoir fondé la liste PNL ?

Blandine : Elle existe depuis plusieurs années même si elle n’avait pas ce nom avant. On prend le relais, cette année il y a eu du changement dans les personnes qu’on présente.

Dimitri : Changement et continuité, on se renouvelle beaucoup mais on garde avec nous dans le collectif (pas forcément ceux qui sont élus) des gens qui étaient là avant et des gens nouveaux et c’est tout l’intérêt de la chose. Des syndiqués, des étudiants qui ne sont pas syndiqués. Je pense que c’est un point important chez PNL : les élus ont autant de poids dans le collectif que les gens qui ne sont pas élus et  sont juste membres du collectif

Camille : Le collectif existe depuis 6-7ans, autrefois sous le nom de “Changer l’IEP”, c’est important de pouvoir continuer et de pouvoir avoir l’expérience des anciens avec qui on est toujours en contact plutôt que recréer chaque année une nouvelle liste.

2 – Dès la première phrase de votre profession de foi vous parlez de « vocation syndicale » en précisant que vous n’êtes pas syndiqués, pouvez vous expliquer cette formulation ?

Camille : L’idée du collectif c’est de regrouper toutes les personnes qui adhèrent à nos valeurs qu’elles soient syndiquées ou non. A titre personnel, je suis syndiquée à Solidaires Étudiants, mais je considère que déjà à SciencesPo on est pas assez d’étudiants syndiqués pour créer une liste Solidaires Etudiants, et c’est important de regrouper des gens syndiqués ou non. On a tout de même une action syndicale à Sciences-Po: aide aux étudiants, participation au CA, aux commissions…Finalement on a une action syndicale mais sans forcément être associés à un syndicat, certains membres du collectif souhaitent garder une indépendance et rester ancrés dans SciencesPo. L’intérêt d’avoir une dimension Solidaires c’est d’avoir des contacts avec des listes d’autres IEP, principalement à Paris, Lille, Aix

L’idée de la liste c’est d’allier l’intérêt des liens que Solidaires Etudiants peut avoir avec d’autres syndicats, dans d’autres IEP, mais aussi l’indépendance.

Dimitri : L’élection et la participation aux commissions et aux CA n’est qu’une petite partie du travail du collectif au sein et en dehors de l’IEP. On est dans une logique de collectif, c’est important de ne pas nous réduire à une liste au CA.

 3 – Pouvez-vous nous résumer le programme de PNL pour l’IEP ? 

Dimitri : C’est compliqué de résumer le programme de PNL, il est très vaste et il se base sur plusieurs années d’action. On a un grand axe sur la vie étudiante, et la lutte contre les discriminations, la santé, la logique de fonds de subvention, revoir le fonctionnement associatif. On a aussi un axe orienté enseignement et action pédagogique, on évoque la question des LV3, la politique des absences à Caen. On est les seuls à proposer un candidat à Caen, de fait on représente beaucoup mieux le Campus. On propose aussi des aides financières pour le TOEFL, le TOEIC. Concernant l’axe politique et l’organisation de l’IEP, on expose notre opposition au projet UNIR et notre logique de soutien pour avoir plus personnel administratif dans l’IEP. Ce n’est pas joli à synthétiser comme programme parce que c’est un programme très vaste et très lourd qui n’a pas vocation à être synthétisé.

Manon : On propose aussi un programme orienté vers tout le monde, on a un programme pour les étudiants internationaux, les 3A : on essaye de couvrir tous les aspects possibles

Camille : Nos valeurs principales sont l’égalité entre les étudiants, la lutte contre les discriminations, la lutte pour le bien-être dans les études, lutte contre la “business-schoolisation” de l’IEP, pour un IEP plus écologique… On est aussi engagés avec le personnel de l’IEP pour une administration plus saine, avec plus de salariés et des méthodes managériales moins dures. Globalement,nous menons une lutte pour le progrès social, en participant aux mouvements sociaux en dehors de l’IEP. 

4 – Pourquoi avoir fait le choix d’utiliser le terme très controversé, surtout dans le contexte actuel, d’islamophobie, dans votre profession de foi ? 

Camille : On ne considère pas qu’il s’agisse d’un terme controversé, c’est un terme évident qui décrit une réalité sociale qu’on voit se développer aujourd’hui. On a pu constater à l’IEP que certains profs avaient certains a priori contre les personnes musulmanes. C’est important de rappeler que quelque soit sa religion, tout le monde doit être bien accueilli à l’IEP, que ce soit par l’administration, les professeurs ou les étudiants. Pour nous c’est une évidence, mais visiblement ça ne l’est pas pour tout le monde à l’IEP effectivement.

Les propos islamophobes sont inacceptables de la part d’un professeur qui doit avoir une certaine neutralité par respect pour les étudiants, et parce que les blagues sur la lapidation et les propos sur la peine de mort incitent à la haine et la violence.

Dimitri : Je ne pense pas que ce soit une question de prise de position qui soit particulièrement radicale de notre côté que se s’opposer à ça.

5 – Pourquoi adopter une ligne politique clivante tout en voulant représenter tous les avis ?

Dimitri : A titre personnel, je n’ai pas l’impression que nos positions soient particulièrement tranchantes ou clivantes sur certains sujets.

Camille : Depuis deux ans on est très majoritaire sur les étudiants présents au CA, ça montre que les étudiants sont plutôt d’accord avec nos positions. C’est plutôt nos personnalités et ce qu’on fait en dehors de PNL qui sont peut-être plus clivants. J’ai  participé à des mouvements sociaux, c’est plutôt cela qui est clivant mais notre programme est largement accepté (7 élus sur 9 l’année dernière), il y a une certaine approbation de notre programme. Les programmes des listes concurrentes sont assez proches des nôtres et les listes opposées l’année dernières n’ont pas eu d’élus. Nos propositions sont assez proches de celle de PLC, c’est plus nos visions sur la relation avec la direction qui diffèrent. On est perçu comme la liste qui est souvent dans la confrontation, en réalité on a souvent des réunions avec la direction, on est en contact quotidien. 

Concernant notre position sur le partenariat avec Tel Aviv, je ne pense pas que les étudiants votent en fonction de notre position vis-à-vis de l’université à Tel Aviv, mais plus sur le programme en général.

Dimitri : Le partenariat avec Tel Aviv a été considéré comme acté et acquis, mais on continue de s’y opposer. Ce n’est pas juste une université qui a le malheur de se trouver dans un pays qui a une politique colonialiste expansionniste absolument inacceptable, c’est aussi une université qui y participe activement par son département d’ingénierie.  Sans rentrer sur un quelconque débat concernant Israël, force est de constater que l’université s’inscrit dans une ligne qui nous semble pas humainement tolérable.

Camille : On a des partenariats avec des universités dans certain pays comme la Turquie qui s’opposent au pouvoir et qui sont un peu des bastions pour un état plus démocratique. On fait notre position en fonction de si l’université participe ou non à la politique autoritaire d’un gouvernement.

6 –  Certains critiquent la gestion de l’IEP comme une gestion d’entreprise, qu’en pensez vous ?

Blandine : Dans notre profession de foi, on parle du partenariat avec l’école de commerce Audencia. On critique toute une manière de gérer l’IEP accès sur la rentabilité, les projets pour la marque “sciences Po” et  se démarquer en tant que IEP de Rennes, une logique d’entreprise et pas d’établissement d’enseignement supérieur

Dimitri : Au delà de ça, on dénonce la présence inacceptable d’entreprises privées au CA, EDF, Suez qui ont des siège au CA. C’est légitime de se demander en quoi c’est pertinent. Sur cette gestion un peu douteuse et sans réelle concertation des étudiants, on peut prendre l’exemple de la crise sanitaire: il y a eu très peu d’informations de la part de la direction sur l’état des choses et la façon dont tout ça a été géré. A la rentrée on avance encore à l’aveugle, je ne blâme pas l’administration mais je trouve que de la part de la direction il y a eu trop peu de communication.

Camille : Sur la question du management, on constate un turnover très important de l’administration, tous les ans on reçoit des mails pour nous informer du départ d’un tel et du transfert de ses dossiers à un nouveau membre du personnel. Pour faire des économies, l’IEP emploie trop peu de personnel, on trouve un manque de formation avec une passation des connaissances partielle. Cela se ressent dans leur bien-être à eux, dans leur travail et dans nos problèmes administratifs en tant qu’étudiants. On considère que le personnel est géré comme le personnel d’une entreprise et non comme le personnel administratif qui est là pour nous aider et améliorer notre scolarité.

Blandine : En début d’année, l’attribution des budgets aux associations a été compliquée suite au départ de la personne qui s’en occupait. La personne qui l’a remplacée a reçu ses dossiers à la dernière minute, elle ne savait pas ce qu’elle devait faire et personne n’a su comment gérer le problème. La réunion a été chaotique, tous les budgets ont été attribués à la va-vite.

7 – Clemenceau disait : Il est facile de reconnaître un discours de Jaurès, tous les verbes sont au futur. De même, dans votre profession de foi, le nombre de choses à faire est bien supérieur à celui des choses faites alors que vous êtes présents au CA depuis deux ans. À ce titre, pensez-vous que votre programme soit réaliste ? 

Camille : On est présents depuis 2015 à l’IEP, même si la liste a changé de nom on s’inscrit dans la continuité de “changer l’IEP” . La direction n’est pas toujours très favorable aux mesures qu’on souhaite amener à l’IEP. Quand j’ai été élue l’année dernière, j’étais chargée du dossier sur le changement de prénom pour les personnes trans, j’ai envoyé un mail vers novembre expliquant à l’administration les mesures qu’on souhaitait mettre en place. J’ai reçu une réponse en février qui disait “on va y réfléchir, on a vu votre mail on en tiendra compte”. A l’heure actuelle, on a pas trop de retour, on ne sait pas si cette mesure a été appliquée et utilisée. La direction nous répond systématiquement “on va y réfléchir”, ou “c’est impossible, vous ne l’obtiendrez pas”. Le programme montre ce qu’on aimerait mettre en place et que la majorité des étudiants approuvent, même si c’est possible, si la direction ne veut pas le mettre en place on a aucune possibilité de les forcer à le faire, étant donné qu’on est minoritaire.

Dimitri : Pour revenir sur la question de l’emploi du futur, la profession de foi a pour vocation d’énoncer nos valeurs et ce qu’on souhaite mettre en place. Si on ne fait pas la liste complète de nos 7 ans d’action, c’est normal puisque ce n’est pas le sujet de la profession de foi. Je vous invite à vous référer aux bilans d’action qui sont publiés par PNL.

8 – La liste PNL est connue pour son attitude frontale et critique vis à vis de la direction, comptez-vous suivre cette stratégie cette année et si oui pourquoi pensez-vous qu’elle est efficace ?

Manon : On a pas énormément de poids, si on se présente pas comme une sorte d’opposition ça ne mène à rien, c’est aussi le but des élus étudiants.

Dimitri : On est peut être vu comme la liste qui a une attitude particulièrement frontale vis à vis de la direction, mais force est de constater qu’on est la liste qui obtient le plus de résultats et qui gagne les élections depuis un certain temps. Donc, c’est peut être que les étudiants considèrent que c’est l’attitude à avoir aussi, que c’est la seule qui est efficace, même si c’est faux que c’est l’attitude qu’on emploie tout le temps. Ce n’est généralement pas le cas d’ailleurs.

Camille : La direction n’a pas une attitude très ouverte même si on les rencontre régulièrement et qu’on essaye d’instaurer un dialogue. S’ils ne veulent pas mettre en place les choses pour lesquelles les étudiants ont voté, il faut bien trouver d’autres moyens d’action que voter au CA. On fait avec ce qu’on a, mais nous ne sommes pas non plus les plus radicaux, on utilise seulement les méthodes qu’on juge être les plus efficaces.

9 – Le CA est réputé ne pas être très utile, avec seulement 9 élus étudiants. Comment comptez-vous agir pour surmonter cet obstacle ? 

Blandine : Le CA c’est un moyen d‘avoir une fenêtre des étudiants sur ce qui se passe dans la direction, de connaitre les projets. On a accès à plus d’informations que ce qui est communiqué.

Camille : Par exemple les bilans financiers où on peut voir les primes, les partenariats. On participe à la répartition des subventions aux associations.

Dimitri : Pour revenir sur comment surpasser ce manque de poids, ça revient à ce qu’est PNL, ce n’est pas qu’une liste du CA, c’est un collectif qui englobe d’autres moyens d’actions qui se font pas uniquement par le biais de nos élus au CA. Par exemple le fait qu’on ait une partie syndicale avec Solidaires, on s’investit beaucoup dans les différentes luttes sur la métropole rennaise. Typiquement, PNL a co-signé la tribune d’un élève pour la question de l’escalier arc-en ciel, on donne de la force à ce genre de mesure. PNL c’est aussi des moyens d’améliorer la vie des étudiants, on a pas vu d’autre liste participer aux projets du budget participatif. 

Camille : On utilise la communication en expliquant ce qui se passe dans le CA ou autre. On a déjà soutenu des pétitions. Comme l’a dit Dimitri, nous avons déposé sur le budget participatif des projets qui allaient dans le sens de notre programme. Dans le passé nous nous sommes beaucoup impliqués dans les mouvements sociaux de l’IEP, en 2018 PNL a participé aux assemblées générales et aux blocages. On est assez transparents sur ce qu’on fait, mais il y a aussi des choses qui nous sont faussement attribuées, certains ont tendance  à penser que tout mouvement social ou opposition sur le campus vient de PNL alors que nous ne sommes pas les seuls. On fait un peu de tout mais on ne fait pas tout dans l’IEP !

10- En peu de mots, pourquoi voter PNL le 22 octobre ? 

Camille : Voter PNL c’est montrer à la direction qu’en tant qu’étudiants on a aussi voix au chapitre, on peut participer à la vie de notre IEP. C’est aussi une représentation qu’on a essayé de faire assez équitable cette année. On veut faire en sorte que chaque étudiant ait quelqu’un à qui s’adresser dans notre liste pour pouvoir avoir de l’aide ou remonter ses problèmes à la direction. A part ça on a de belles affiches c’est une bonne raison de voter pour nous ! La continuité pour moi c’est quelque chose de très important, c’est aussi pour ça que je suis à Solidaires Etudiants. On est pas là juste pour les élections on est là tout au long de l’année pour répondre aux questions des étudiants mais aussi rediriger vers les organismes qui peuvent aider que ce soit le Crous…etc.

On a une ancrage au Crous avec Jeanne sur le campus de Caen qui est toujours élue (puisque les élections ont été décalées au second semestre). On essaye d’être présents à l’IEP mais aussi en dehors, au niveau national, on est la seule liste qui a autant de liens avec les listes des autres IEP grâce à Solidaires.

Manon : On peut ajouter que PNL est la seule liste qui est toujours présente à tous les CA et toutes les commissions, qui fait des compte rendus des CA. On est un collectif nombreux, entre élus et non-élus, ce qui fait qu’on a plus de moyens d’actions, de temps et d’énergie à consacrer aux étudiants.

Blandine : On a plus de ressources grâce à notre suivi sur plusieurs années, chose qu’on n’a pas forcément en tant que nouvelle liste. On a tous un recul sur les politiques menées à long terme. C’est important d’avoir un collectif qui n’est pas démuni face à la direction.

Dimitri : Pour finir, je pense que la force de PNL c’est la grande représentativité du collectif, on a des étudiants sur le campus de Caen, des étudiants à l’étranger. On a une assez grande diversité dans nos membres, on représente toutes et tous des choses différentes.

Camille : le fait d’avoir un mix entre des membres expérimentés et des nouveaux membres est une force, on est camarades, on va tous ensemble au CA et on peut tenir tête à la direction et aux professeurs quand c’est nécessaire. Votez pour nous !

Propos recueillis par Louis Pernotte et Maureen Decor

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